Cessation d’entreprise: un grain de sable dans une dune. Demain, il n’y paraitra plus. Le vent aura tout balayé.

L’indépendance

Ce matin, c’est la première question que je me pose. Sommes-nous nés indépendants ? Sommes-nous faits pour l’indépendance ? Jamais je ne me suis posé ces questions quand j’ai choisi ma voie professionnelle . Je me suis lancée avec toute l’énergie de la jeunesse; des projets et des idées plein la tête et surtout ma liberté d’action. Une fois récupéré mon fonds de prévoyance, je l’ai investi dans mon entreprise, en pensant que mon meilleur investissement est dans mon outil de travail. Rencontrer, apprendre, évoluer, développer, m’amuser, produire, vendre. Oser ! Voici tout ce que K-LINE m’a offert.

Même pas peur

Si nous avions le moindre doute, la moindre hésitation, ferions-nous un pas de plus, un pas en avant ? Si nous craignions la falaise, nous n’irions jamais voir comme elle est belle. Ni comme l’horizon, là, devant, est ouvert, si grand, si large, si prometteur. Le monde est si grand. C’était facile.

Un grain de sable dans une dune

35 ans plus tard, il est temps de fermer mon entreprise. Cela veut aussi dire quitter ses locaux, sa rue, sa ville, ses habitudes; mais qui s’en soucie ? Une fois les clefs rendues au propriétaire, personne ne se retourne. Si peu de personnes se manifestent que ce soit en interrogation, en soutien et même en remerciements. Cependant, ceux qui se retournent et communiquent sont toujours là, bienveillants et intéressés.

Comment cesser son entreprise ?

Ce matin donc, au moment du bilan, mon propos se porte un peu comme dans un rapport de gestion en fin d’année, avec cette interrogation comment cesser correctement son entreprise ? Comment débrancher, se déconnecter et se désintoxiquer de toutes ces années de travail ?

Dans les faits, c’est un contrat, comme tout contrat; c’est un contrat de mariage entre moi-même et les engagements que j’ai pris pour ma société. Quand un projet devient réalité, on se lance. Personne ne peut prédire l’évolution, ni imaginer le bout du chemin. Comment cela peut-il donc s’arrêter ? Un long moment, j’ai rêvé d’une transmission, d’une association ou d’un partenariat. En réalité, quelle prétention de vouloir transmettre un outil, qui est le mien. Je l’ai forgé et il m’a _ en fait, il “nous” a _ beaucoup et bien servi. Apprendre à boucler la boucle. Dans ma tête, c’est comme EXIT : une finalité et une fin. Il faut donc patiemment prendre chaque relation, chaque contrat, anticiper les délais et les rompre, casser les échéances. Cela coûte moins cher et fait moins mal.

La procédure

La procédure est simple. Tout est organisé, millimétré. Les “gens” savent certainement. Moi, je ne savais pas comment on entreprenait une cessation d’activité. Une liquidation ! Notez que je trouve ce mot vraiment très moche. A part des agents d’affaires et un notaire, donc des factures et des provisions, que devons-nous faire pour cette étape finale ?

Le plus important, à mon sens, c’est la décision. Pas si simple de décider d’arrêter. Ensuite, il faut la digérer cette décision; cela ne se fait pas en un claquement de doigts. Mais une fois, qu’elle est prise : ACTION. Il faut AGIR, actionner ce processus étape par étape. L’acte de cessation se signe chez le notaire. La procédure s’engage. La partie administrative est un peu plus lente que d’apposer sa griffe sur un acte. Et, là tout à coup, il y a la publication, cette “PUBLICATION officielle”. Par 3 fois, il faut publier. Et c’est engagé pour une durée d’un an, au cas où des revendications se manifesteraient. Alors, tout s’accélère. Les courriers arrivent “Sàrl en liquidation”, les cartes de crédit suspendues, les services du quotidien arrêtés, les comptes se clôturent, les uns après les autres, sans préavis, sans que l’on vous avise. Ne serait-ce qu’un simple appel téléphonique de l’un ou l’autre de ces prestataires et j’aurai été avertie, préparée. Je me suis sentie SDF. Sans local, sans clef, sans connexion, sans carte de crédit : de nos jours ? Du jamais vécu pour moi.

Difficile à digérer

Et encore une digestion difficile, alors que vous “devriez” tout faire pour le bien de votre entreprise et de ses services, pendant encore 1 an, soit 12 mois, TOUT se “bloque”, se congèle. Comme si c’était une “faillite”. Et pourtant, ce n’est pas une faillite, j’ai décidé d’arrêter. Ce n’est pas pareil. Une cessation d’activité, n’est pas une faillite. En tous cas pas forcément ! Pour ma part, c’était vraiment mon choix. OK le monde change et le commerce évolue à une vitesse impensable. Et heureusement, que tout cela a changé en 35ans. Mais à cette vitesse, je n’avais pas anticipé: les équipes, les fournisseurs, les services, les clients, leurs attitudes, leurs consommations, la production, la distribution, la réactivité, le temps : un chrono permanent pour de la rentabilité et être profitable.

Le timing

Le temps et surtout s’y prendre à temps serait mon premier conseil. 1 an. C’est court pour fermer 35ans de relations et de contrats. Etonnamment, c’est extrêmement long, comme un marathon. Les derniers kil font mal. Cependant, j’ai plutôt le sentiment de danser une danse de “marsupiaux”: des bonds et rebonds, avec une énergie décuplée pour réaliser “le chiffre suffisant” pour couvrir la FIN, honorablement et honnêtement.

Régime allégé

Alors courage ! Endurance ! Liquidations, braderies, expositions, vider le stock, trier, ranger, classer, jeter, offrir. Oser y aller, la tête haute ! Pour que la Sàrl soit radiée et que les comptes soient validés. Sans budget, sans investissements, tout au peigne fin. 2023 Quelle année surprenante ! Mais VOUS, surtout n’hésitez pas! Pas de faux semblants, vous aimez les remises. VIDER le stock : alors PROFITEZ ! Prenez volontiers rendez-vous pour les dernières pépites !

La liberté

Dans 6 mois, nouvelle liberté. Je redeviendrai “nobody_nowhere”. Sortir du réseau, se déconnecter, se désintoxiquer du travail, du rythme, développer une nouvelle respiration, retrouver le temps, s’accorder le temps : nouvelle expérience et nouvelle richesse.

Projets ou “périmée”

Expérience et expertise: que vais-je en faire ? Il me semble impensable, improbable de postuler quelque part. Le premier pas et prochain rendez-vous est le “constat AVS”. Passé 40ans de cotisations, 35 ans d’indépendance, la retraite des femmes à 64ans. Mais “les femmes nées en 1962 doivent travailler six mois de plus jusqu’à la retraite ordinaire”. Alors, à quelle sauce vais-je être mangée ?

Finissons 2024, ce dossier sera pour 2025.

😉 je pourrai monter une “mini” structure 💡; juste pour m’amuser encore un peu.

La réalité

L’échéance est là. Au 31.8.2024, K-LINE sera radiée. Tout est question de temps. Le temps ne change pas. Nous changeons et le monde change. Fermer une entreprise, c’est juste fermer une Sàrl pour beaucoup. Vider les dernières archives, ces derniers classeurs: Quel gain de légèreté !

Juste un grain de sable dans la dune. Demain, il n’y paraitra plus. L’horizon sera de nouveau libre.

Catégories : Nouvelles de K-line

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